L’HYMNE À UN VIEUX BAOBAB

Grande statue spongieuse ventrue, aux fruits acidulés convoités par l’homme et son cousin le singe ; 
Grande statue bâtie aux branches irrégulières qui ne fournissent d’ombrage que trois mois sur douze mois ; 

Grand autel au pied duquel les devins nocturnes garants des mœurs de nos villages, de nos pénates, comme ces chauves-souris, 
Viennent humer l’exhalaison d’un parfum mystique dégagé d’une fleur qui éclot à la tombée de la nuit et se fane à l’aurore; 

Grand arbre à palabre, sentinelle longévive de nos savanes à la vertu des platanes sources d’inspiration et de méditations de ces pères spirituels du monde précurseur ; 

Ô Baobab , qui résistes aux violences d'Éole, maître des vents, qui souris à la pluie et au beau temps, mythe sacré de plusieurs peuples de savane,
Ethique et emblème de plusieurs empires de plusieurs royaumes aux prouesses inégalées aux héroïsmes inoubliés, 
De Mali de Mali Diata, de Ghana de Wagadou Kaya Magan Cissé, de Ségou de Biton Koulibaly, 
De Kong de Fama Ouattara, de Mossi des Moogho Naaba, de Sonrhaï des Askia, de Saloum de Maad Saloum Mbegan Ndour ... 

Je t’évoque et te rends hommage,
Je te vénère sous tes mystères,
Je t’encense pour tes fils postérieurs,
Je te chante sous ton nu ombrage. 

De tes feuilles riches en protéines,
Et riches en minéraux : calcium,
Phosphore, zinc, fer, potassium ...
De l’huile extraite de tes graines, 

De tes pulpes et leurs décoctions
Qu’on utilise dans l’hémoptysie,
Ou contre plusieurs maladies,
Ou comme bouye, fraîche boisson, 

Tu restes, ô arbre mystérieux !
Dans leur classification classique,
Un fils pour les aveugles scientifiques
De la famille des bombacacées - 

Qui ne sauront jamais ô vieux sage !
Dans ce monde infâme, les miracles
Que tiraient de toi les oracles
Pour éclairer l’ombre des présages. 

Ô vieux Baobab, témoin oculaire
De nos siècles souverains révolus,
De nos prés par des condottieri conquis,
De nos détresses de nos soupirs et pleurs, 

Je t’évoque et te rends hommage,
Je te vénère sous tes mystères,
Je t’encense pour tes fils postérieurs,
Je te chante sous ton nu ombrage. 

Sans pour autant deviner tes arcanes,
Sans pour autant sanctifier plus ta sagesse,
Sans pour autant offenser ta vieillesse,
Sans pour autant profaner nos Mânes.

© Charles Coulibaly Nountché
© La Kora de sora

PS: POÉSIE ET PROSE Tome I : Les Neuf Muses, a paru aux éditions Mon Petit Éditeur. Vous pouvez vous en procurer un ou plusieurs sur Amazon, sur Fnac, ou via ce lien de l'éditeur: https://www.monpetitediteur.com

Photo: Le baobab de grand-père/Inno Peintre : www.innopeintre.com

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