MATIN DE BONNE HEURE
POÉSIE ET PROSE
MATIN DE BONNE HEURE
De l’aurore qui vient d’éclore sort un feu discoïde, et de ce croisement sidéral l’Orient se peint d’un embrasement mystérieux au teint d'une topaze orange.
Le haut-parleur sur le minaret de cette mosquée malikite construite de l’aumône Fissabîlilahi,
Tintait pour réveiller plus d’un de nous de la voix d’airain de Bakary Gbêrêni
Le marguiller devenu muezzin qui fait l’ézane de fajr avant d’aller labourer son champ.
Mêlés aux bazars éveillés par nos mères dignes des Amazones aux âmes charitables, les pas appesantis par le rhumatisme des vieux pieux
Font sur les chaussées gravelées moins de cadences bruyantes que les carillons de leurs chapelets qu’ils égrènent à la façon des soufis en Mouraqaba.
La vie rustique voit le bout du tunnel peu à peu, et sa libération du joug du Sommeil
Est célébrée par le grisollement des alouettes, par le pépiement des moineaux, par le gringottement des rossignols.
Le monde nocturne des sabbats est déjà conquis par le monde diurne des bazars et des fidèles paysans de vénérable Cérès
Qui avant d’aller au laboure, partagent avec amour leur premier repas du jour, bouillie de mil et de maïs sans un carreau de sucre.
Les amoureux se sont séparés après une nuit plus délicieuse et merveilleuse que celle des Milles et une nuit ;
Mais les désœuvrés dorment encore ; et les chômeurs s’éveillent encore avec leurs curriculum vitae sur leurs poitrines indignées ;
Et les marchands ambulants se préparent pour sillonner les rues ; et les colporteurs globe-trotter gagnent les gares routières qui desservent les campagnes,
De même que moi qui dois prendre le car de première heure pour suivre mon dossier
Qui git, dans cette préfecture, dans le tiroir des subalternes du nouveau pouvoir, faute de pourboire.
© Charles Coulibaly Nountché
© Recueil: La Kora de sora
Photo: http://www.google.com/search?q=village+africain
Commentaires
Enregistrer un commentaire