MA COQUELUCHE

POÉSIE ET PROSE
MA COQUELUCHE

Est-ce que tu sais, ô minou ! qui partages mon toit !
Que tes minauderies sont les plus naturelles qui soient,
Que tes manières de faire tes toilettes sont plus que royales princières et ducales
Plus que d’une galanterie fichtrement courue,

Que tes téguments sont à la fois veloutés et glacés, soyeux et musqués
D’un ambre que jamais les aguicheuses bayadères orientales n’ont utilisé
Pour opiacer leurs scribes et leurs mandarins,

Que tes caresses qui font tressaillir et gémir par tes soupirs sur le lit sont d’une main de fée,
Que tes mots-chichis « Chéri, gratte-moi le dos !», « Chéri, cherche-moi de l’eau !»
Sont les derniers mots qu’un agonisant désire entendre en affrontant la mort ?

Est-ce que tu le sais ?

Est-ce que tu sais, ô trésor ! que tu es le décor le plus précieux d’un lieu de délice,
Que tu es la toile la plus chère qui soit,
Qui n’a jamais été peinte ni par Piero Di Cosimo, ni par il Corregio, ni par Picasso,
Qui puisse embellir un mûr,

Que tu es la statue jamais estimée en valeur,
Qui n’a jamais été sculptée ni par Francisco de Goya, ni par Puget, ni par Alberto Giacometti,
Qui puisse donner l’atmosphère d’un monde homérique et surréaliste
À un salon, à un balcon, à un jardin, à une turne d’amour ?

Est-ce que tu le sais ?

Est-ce que tu sais, ô coqueluche ! que tu es l’incarnation d’une extracréature:
Déesse, fée, nymphe, oréade, naïade, néréide, sirène, dryade, muse, elfe, sylphide...
Qu’avaient vénérée des civilisations supérieures,
Dont parle encore notre civilisation de Lumière,
Dont parleront les civilisations ultérieures,

Et qui vient de me choisir parmi les humains
A l’adorer, à l’idolâtrer,
A l’encenser, à la louanger,
A lui composer des pastorales et des madrigaux,
A lui composer des romances et des ballades,
A lui faire des odes, des sérénades et des vers élégiaques,
A lui faire des cantiques des cantiques et des sonnets,
Et à me mortifier pour elle,
Et à lui être fidèle,

Pour vivre dans le paradis terrestre
Pour vivre dans le paradis céleste ?

Est-ce que tu le sais ?

© Charles Coulibaly Nountché
Publié le 13 mars 2014
© Recueil: Les Neuf Muses

Peinture : cendrillonebene48.skyrock.com

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