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Affichage des articles du mars, 2016

RÉPONSE D’UN HORSAIN

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Il m’a tapoté fort sur mon épaule gauche, Et me bravant de son regard plein de phobie, Prêt à me faire passer à tabac, il m’a dit : Toi, tu viens d’où ? pourquoi c’est lourde ta sacoche ? Je te vois passer ici sans faire attention A nous, chaque jour, au lever et au coucher. Que fais-tu ? trimes-tu en clandestinité Dans cette firme qui prime l’immigration Sur nous, main-d’œuvre bien qualifiée diplômée ? De quel pays détruit par la guerre et la famine, De quel continent pauvre viens-tu, mon horsain, Nous prendre nos pains, rendre aigres nos destinées ? Ô mon propriétaire de la Terre entière ! Je suis ici pour ramasser vos poubelles, Plonger dans vos égouts d’odeur pestilentielle, Gelant sous vos froids de canard, quoiqu’ingénieur. © Charles Coulibaly Nountché © La Kora de sora

MA VOLUPTÉ

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Ma volupté ne gît pas Dans tes yeux de quartz aimantins Dans tes cristallins d'elfe D’extracréature enchanteresse Ma volupté n’est pas sur ton buste De bois hanté Aux fruits mûrs juteux savoureux Que pelotent mes mains hédonistes Ma volupté ne s'embrase pas À la vue de tes fesses fraiches callipyges Qui dodelinent sous tes hanches fines Et qui dodolotent mon voyeurisme Ma volupté ne s'attise pas De tes parties intimes tièdes froides Que fouillent et tâtillent Mes pognes ivrognes Ma volupté est dans tes gémissements Voluptueusement agoniques Lors de nos voyages hypnotiques Aux pays de merveille Où dans nos butinements d’abeille Nous nous délectons d’enivrants miels © Charles Coulibaly Nountché © Chants d'âme sur khalam

ENVOÛTE-MOI, COUCOU !

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Va voir, ô dulcinée ! un de ces pieux obis Caché au fin fond de la forêt Dahomey ; Dis-lui de tourmenter à t’aimer mon esprit Par des incantations vaudou ou candomblé ! Va voir, ô ma bien-aimée ! un des pieux obis ! Mon amour ne t’enchante plus, ô ma chérie ! Va consulter, ô ma chouette ! ce marabout Doué à castrer les mâles pour les femelles ; Je veux boire ce philtre pour t’aimer toujours, Qui pût unir Tristan et Iseult à merveille ! Va consulter, ô chouchoute ! ce marabout ! Mon amour ne t’enchante plus, ô ma chérie ! Encense, ô ma déesse ! mon suave panthéon De myrrhe, d’encens, de musc diabolique Que j’y plongerais en moine en méditation Pour toucher le nirvana d’un amour mystique ! Encense, ô ma déesse ! ton suave panthéon ! Mon amour ne t’enchante plus, ô ma chérie ! Je veux pour te vénérer t’appeler Maman ! Que ta sainte icône me poursuive partout,  Que me soient une hostie à l’effet avinant Ces mamelons sur ton buste biberon doux

L'APOCALYPSE

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Les machines plus que jamais rodées Les hélices en rotation Les chenilles en traction Les météorites lancés du ciel Du coup s’explosant partout Les monstres aux bouches ignivomes Jaillissant en rampant du feu ardent Du feu aux fumées asphyxiantes La vaste étendue de la terre parsemée Des volcans aux lits invisibles Au-dessous de la myopie innocente Des fils de la Terre Destinés à en être calcinés aux enfers Aux enfers aux lacs cramoisis Aux enfers aux fumées roussies Embaumées des chairs hachées rôties Nos rênes dans les arènes des scènes Tenues par les descendants ingénieux De Vulcain belliqueux Intendants des Géhennes Conquérant l'humanité Plus que jamais animée Mais plus que jamais enflammée © Charles Coulibaly Nountché © Chants d'âme sur khalam Peinture: L’Ouverture du Cinquième Sceau, entre 1608 et 1614, par El Greco (1541-1614)

LES YEUX ARCHANGÉLIQUES

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De tes yeux archangéliquement beaux Sont-ils tous ces pierres et ces cristaux ? Sont-ils tous ces appas d’éclat, Ô ma Kamacha la Bomba ? Devant eux, fou, j’erre dans un iceberg Vaste, infini comme un vaste désert, Où, soûl, je me perds sans repère. Ô grâce ! guide-moi, Seigneur ! Ils sont et le diamant et le rubis ; Ils sont et le saphir et le lapis Aux reflets qui moirent les verglas D’Hiver qui blanchit les lilas ! M’ont-ils si dompté en doux ours polaire Que je reste chasseur d’idyllique mer ? M’ont-ils jeté jettatura, Ô ma kamacha la Bomba ? Ô cause de ma perte en labyrinthe, Qui n’entends aucune de mes plaintes, Ouvre-moi au moins un judas Pour voir d’autres dolce Vita ! © Charles Coulibaly Nountché © Les Neuf Muses Photo: Maréme Toucourt

LES DEUX COPINES

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La première, ah ! comme tu aurais souhaité qu’elle partage une fois pour toutes ton toit ta couche ! La première était d’une beauté somptueuse : silhouette élancée fine belle carrure, forme d’une Cléopâtre couronnée plusieurs fois sur le trône des plus belles créatures, Minois tireur d’élite muni d’un double canon à rétines chatoyantes. Et de surcroît sa démarche déployée millimétrée comme si la terre lui déroulait un tapis rouge sur une plate forme. La deuxième, oh ! comme l’esthéticien divin pouvait être souvent juste devant son moule ! La deuxième était d’une vénusté digne de surenchère, mais d’une vénusté enlevée aux enchères par un phallocrate qui la violentait : silhouette bien taillée sur une grandeur sans courbe, beaux yeux indolents, mais qui n’attrayaient plus comme si elle se faisait châtiée par tous les mâles vulgaires. Elle marchait sous un fardeau invisible. La première disait en ces termes : « Mon prince charmant, ô quel mourant ! J’aime pas ce genre de gens

LE MYSTÈRE DE L’HOMME

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Homme, dis-moi si tu te connais toi-même, Les mystères impalpables qui t'entourent, Le monde indiscernable de ta souche, Ta nature ta vie, ton âme ton esprit; Homme, dis-moi si tu te connais toi-même ! Savant, tu connais l'anatomie de ton corps : Ton cerveau ton cœur, ton foie ton poumon, Comme tes yeux, tes tuyaux buccaux et nasaux, Ton boyau, tes membres inférieurs, supérieurs ; Savant, tu connais l'anatomie de ton corps ; Mais dis-moi, sans détour, cette vraie nature : Ta nature animée par une énergie motrice, Qui te fuira un jour funeste que tu mourras, Pour être enterré ou incinéré sur un bûcher; Mais dis-moi, sans détour, cette vraie nature ! Ô Homme, qui connais la nature vertueuse, Qui connais ses faunes ses flores, savamment, Qui connais les astres qui règnent dans le Ciel, Qui connais la Terre et la Mer jusqu’à l’abysse, Ô Homme, qui connais la nature vertueuse, Si ta pensée ne te dépasse pas toi-même, Veuille me dire ton essence sans cogiter,

EST-CE POUR L'AMOUR DE DIEU ?

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Est-ce pour l’amour de ce Dieu Dont tous les humains sont l’mage Et qui trône au-dessus des cieux Dont firent Moïse le Message Mahomet et les Envoyés A travers peuples et âges Est-ce pour l’amour de ce Dieu Qui brûla Sodome et Gomorrhe Et les Âd d’une brume en feu Qui frappa les Thamoud encore Du cri d’un Ange si furieux Comme ces Géants super-forts Que vous êtes misanthropes Au point d’intégrer une armée Financée des interlopes Qui vous téléguident pour tuer Lyncher en bande de Cyclope En sacrant le nom de bon Dieu Est-ce pour l’amour de ce Dieu Grand Juge qui puisse punir Ici-bas tout un monde vicieux Comme dans la mythologie Que vous prétendez instituer Un empire obscur et inouï © Charles Coulibaly Nountché © Chants d'âme sur khalam

FOU DE TOI !

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Ô mon âme, mon esprit, ma relique Dont je ne peux jamais me séparer ; Mon désir qui me rends si énergique A conquérir la terre et l’empyrée, Que je suis fou de toi ! Ô image réelle, ô fantasme ébloui Qui me suis comme mon ombre fidèle Sous des rėduits et l’azur de Midi, Ô fée devinée d’un conte surréel, Que je suis fou de toi ! Ô bon augure qui me choies d’un lot Au séjour succulent pour âme et cœur ; Ô oracle qui mènes sous halo Des astres jalonnés en réverbère, Que je suis fou de toi ! © Charles Coulibaly Nountché © Les Neuf Muses

JE VOUS SALUE, DAMOISELLE !

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Je vous salue, damoiselle ! Je vous salue ! C'est sur vous que prime mon "Bonjour !" aux prémices de cette pointe du jour qui présage une journée ensoleillée cuisante de four Mais à l'atmosphère qui s'avère bémolisée par la floraison de votre sublimité matutinale Qu'accompagne le cortège de mon khalam balbutiant de djâli d'un kaya-Magan. Je vous salue ! quoique votre regard dévers d'une pudibonde mineure qui va trébuchant puiser de l'eau au marigot, Pot équilibré sur une tête tressée des doigts de fée, songe des badauds lève-tôt Et votre statue indomptable de Néfertiti réanimée qui soumet les sons de mon khalam jouant aux courbettes Et vos jambes de gazelles poursuivies par les dents léoniennes de mes doigts qui perdent leur dextérité au profit de leur célérité sur les fils raides tétracordes. Je vous salue, damoiselle, en vous emboîtant les pas ducaux, en idolâtrant votre magnanimité que j'encense ostentatoirement Que chantent dévotem

L’HYMNE A UN VIEUX BAOBAB

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Grande statue spongieuse ventrue, aux fruits acidulés convoités par l’homme et son cousin le singe ; Grande statue bâtie aux branches irrégulières qui ne fournissent d’ombrage que trois mois sur douze mois ; Grand autel au pied duquel les devins nocturnes garants des mœurs de nos villages, de nos pénates, comme ces chauves-souris, Viennent humer l’exhalaison d’un parfum mystique dégagé d’une fleur qui éclot à la tombée de la nuit et se fane à l’aurore ; Grand arbre à palabre, sentinelle longévive de nos savanes à la vertu des platanes sources d’inspiration et de méditations de ces pères spirituels du monde précurseur ; Ô Baobab , qui résistes aux violences d’Eole, maître des vents, qui souris à la pluie et au beau temps, mythe sacré de plusieurs peuples de savane, Ethique et emblème de plusieurs empires de plusieurs royaumes aux prouesses inégalées aux héroïsmes inoubliés, De Mali de Mali Diata, de Ghana de Wagadou Kaya Magan Cissé, de Ségou de Biton Koulibaly, De K

LA NYMPHETTE DERRIÈRE LE FLEUVE

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La nymphette de derrière le fleuve, Ô la nymphette, derrière le fleuve, Que je pense à toi, frêle nymphette ! Ô que je pense à toi, fraîche nymphette ! Elle avait ce visage qui tue, la damoiselle. Elle avait de beaux yeux, cette belle. Et son corps était oint de karité ; Et sa beauté des plus belles bontés. La nymphette de derrière le fleuve, Ô la nymphette, derrière le fleuve, Que je pense à toi, frêle nymphette ! Ô que je pense à toi, fraîche nymphette ! J’irai chez elle faire la corvée ; J’irai lorsqu’on fait la moisson chez eux ; Je ferai pour eux de bonnes semailles ; Je donnerai pour eux de frais bétail. La nymphette de derrière le fleuve, Ô la nymphette, derrière le fleuve, Que je pense à toi, frêle nymphette ! Ô que je pense à toi, fraîche nymphette ! Tu n’auras pas chez moi des rivales ; Tu n’y auras pas une qui t’égale ; Je sais que tu fais bien le tô chaud ; Je sais bien que tu fais des enfants beaux. La nymphette de derrière

LA FUGITIVE

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Tu es partie sans me dire sans me prévenir depuis ce samedi tu es partie en te dérobant à notre entrevue réconciliatrice Et dans ta fuite faite si vite tu n’as pris aucun brimborion avec toi que ton cabas à peau de cobra que ta petite valise de cuir laissant la grande presque remplie Tes boites de fard de mascara tes crayons tes pinceaux de cils de sourcils tes ciseaux de manucure de pédicure ton coupe cuticule ton polissoir tes pierres ponces ta lime à ongles pour limer tes doigts de fée tes orteils affinés tes rouges à lèvres tes peignes tes catogans pour opprimer les caprices de tes cheveux longs sont les seuls souvenirs sur ta table de toilettes Ta garde-robe est remplie de vêtements mais vidée par endroits des rangées Car en t’en allant fugitive tu en avais soustrait cette robe rose qui te lègue la finesse d’une duchesse et cette jupe élasthanne qui laissait belles tes jambes de biche et ce collant blanc neige transparent que tu aimais porter en faisant

MON ODALISQUE

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Tu m’enflammes de ton feu Mais mon cœur Est comme dans un hiver Auprès de la cheminée D’une chaumière Qui brûle Limpide Havre paisible A l’égal de mon esprit Qui vogue sur une île idyllique Où toute étendue Comme une odalisque Belle au bois dormant Tu bémolises le feu du firmament © CC Nountché © La Kora de sora Peinture : www.artmajeur.com

LA PREMIÈRE PLUIE

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Le ciel à tire-larigot vient de verser des larmes en tombereau des faisceaux Qui se sont brisés sur la terre truffée de pierres grisâtres, couleur de carbonado. Peu avant le ciel azurée semblait un théâtre de guerre mezzo-tinto où les vaisseaux rentraient en collision, Où obus de tonnerre par-ci obus de tonnerre par-là s’explosaient sur l'éclair qui éclairait Des voiles blanches qui flottaient en grosseur au-dessus des vaisseaux noirs mouvants qui tanguaient. Peu avant les volailles de la basse-cour caquetaient piaillaient, cacabaient caracoulaient, Les moutons bêlaient les cabris chevrotaient, et tout le monde était inquiet. Peu avant les paysans qui déshydrataient les céréales - sorgho mil maïs- sur des stands larges nappés de palmiers nattés, Défiaient le ciel et son armée de foudre de tonnerre d’ouragan, en les ramassant gnouna-gnouna, En les couvrant des bâches comme des trépassés sur des bûchers qui deviendront des cendres des urnes. Voilà maintenant que les rui