LES DEUX COPINES

La première, ah ! comme tu aurais souhaité qu’elle partage une fois pour toutes ton toit ta couche !
La première était d’une beauté somptueuse : silhouette élancée fine belle carrure, forme d’une Cléopâtre couronnée plusieurs fois sur le trône des plus belles créatures,
Minois tireur d’élite muni d’un double canon à rétines chatoyantes. Et de surcroît sa démarche déployée millimétrée comme si la terre lui déroulait un tapis rouge sur une plate forme.

La deuxième, oh ! comme l’esthéticien divin pouvait être souvent juste devant son moule !
La deuxième était d’une vénusté digne de surenchère, mais d’une vénusté enlevée aux enchères par un phallocrate qui la violentait : silhouette bien taillée
sur une grandeur sans courbe, beaux yeux indolents, mais qui n’attrayaient plus comme si elle se faisait châtiée par tous les mâles vulgaires. Elle marchait sous un fardeau invisible.

La première disait en ces termes : « Mon prince charmant, ô quel mourant ! J’aime pas ce genre de gens !
Tu vois, ô ma copine, tout ce que je lui demande, il me le donne, et ne cesse de me donner même si je ne demande pas.
Il me veut acheter la lune, si je lui demande la lune, et chaque jour je vis une nouvelle lune de miel, ô ma copine !
« Autrefois, et la première continuait, dans une bisbille pourtant provoquée par moi, quand il essayait d’apaiser mon cœur farceur, je lui ai dit ceci qu’un homme viril n’aurait en aucun cas accepté : « Va te faire voir ailleurs avec tes salamalecs ! ».
Et au lieu de réagir, il me dit tout flegmatiquement, le mourant : « Ô mon bébé ! que je meurs quand tu es en fureur ! ». Quel homme qui porte jupon que j’ai sous mon toit, ô ma copine ! Quel serf me sert sous ma turne ! ».

La deuxième disait, surprise de ces propos sadomasos, en ces termes : « Quelle chance t’a souri, ma copine !
Il était, ô ma confidente chérie, du châtiment du Destin que je sois enlevée par un dieu élevé par les Érinyes, qui a la mainmise sur moi tout entière,
qui, quand il parle, jaillit du feu d’un monstre géant mythologique. C’est un dragon qui sort toujours de ses gonds. Si un jour, ô ma copine, je rencontre un prince charmant comme ton mourant (oh ! comme elle souriait !), je serai la femme la plus heureuse
la femme la plus majestueuse sur cette terre profanée par des hommes. Mes vœux les plus chers seront exaucés.
Regarde-moi : martyrisée froissée, dépréciée malmenée ; or avant caillou maintenant, rose du printemps avant rose d’hiver flétrissant maintenant ».

Et la première souriait ;
Et la deuxième s’affligeait.
Et la première disait : « Et si l’on troquait ! »
Et la deuxième répondait : « Et si l’on réfléchissait ! ».

Ô toi la première qui souris qui minaudes en marchant devant moi, tu souhaites vivre, je le sais, avec un démon qui te violente qui te maltraite,
qui te malmène qui te tourmente, qui te casse la gueule chaque jour, pour que tu sois la plus heureuse des femmes dans la mésalliance d’un dieu foudre !

Ô toi la deuxième qui te lamentes en traînant tes pas devant moi, tu souhaites vivre, je le sais, avec un ange, mais tu aimes un démon
qui te rend hésitante de vivre avec un ange qui te chouchoute, un ange qui te dorlote qui te choie chaque matin et soir, qui t’encense avec des mots somnifères pour que tu sois la plus chérie des femmes !

CC Nountché
La kora de sora

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