LA PREMIÈRE PLUIE


Le ciel à tire-larigot vient de verser des larmes en tombereau des faisceaux
Qui se sont brisés sur la terre truffée de pierres grisâtres, couleur de carbonado.

Peu avant le ciel azurée semblait un théâtre de guerre mezzo-tinto où les vaisseaux rentraient en collision,
Où obus de tonnerre par-ci obus de tonnerre par-là s’explosaient sur l'éclair qui éclairait
Des voiles blanches qui flottaient en grosseur au-dessus des vaisseaux noirs mouvants qui tanguaient.
Peu avant les volailles de la basse-cour caquetaient piaillaient, cacabaient caracoulaient,
Les moutons bêlaient les cabris chevrotaient, et tout le monde était inquiet.
Peu avant les paysans qui déshydrataient les céréales - sorgho mil maïs- sur des stands larges nappés de palmiers nattés,
Défiaient le ciel et son armée de foudre de tonnerre d’ouragan, en les ramassant gnouna-gnouna,
En les couvrant des bâches comme des trépassés sur des bûchers qui deviendront des cendres des urnes.

Voilà maintenant que les ruisseaux à défaut des caniveaux serpentent pour se déverser dans les lits des marigots,
Glougloutant chuintant roucoulant comme des colombes.
Voilà maintenant que le village est purifié encensé des ambres mystiques,
Que les feuillages sont polis, que les toits de pailles luisent de leurs circonférences frangées d’onde gouttelant perlant.
Voilà maintenant que les paysans recouvrent l’espoir perdu le long d’une traversée du désert,
Le long d’une longue sécheresse conjurée par les devins aux incantations des hogons du pays Dogon.

© Charles Coulibaly Nountché
© La Kora de sora

Photo: pays dogon/Mali



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