LA GAZELLE DU DÉSERT
J’ai pris le car un peu tôt Ratant celui des lève-tôt Et se sont croisés illico Nos regards sans dire mot Nos sourires alter ego J’ai pris le car à la Médina Qui desserve la Marsa Et parmi tous ces zonards Fagotés de pâles costards Sur de sales bénards Attroupés là-bas Faisant les saint-bernards En aboyant : « Guiraraguira ! » En bavant : « Yâ kahla ! » J’étais le seul négro Se rendant au boulot Avec son nez trop gros Habillé en folklo Comme un vrai latino Mais sans sombrero Bien coiffé en afro En parmi ces lies du désert C’est moi qu’elle ciblait C’est de moi qu’elle s’enflammait C’est moi qu’elle adorait C’est de moi qu’elle mourait La gazelle du Sahara La belle aux cheveux de soie La molle aux yeux de chat La demoiselle au doux regard La perle au buste de poix L'agnelle qui ne me haïssait pas © Charles Coulibaly Nountché © Les Sons de balafon PS: POÉSIE ET PROSE Tome I : Les Neuf Muses, a paru aux éditions Mon Petit Éditeur. Vous pouvez vous