JE SUIS UN DOUX ALCOOLIQUE
Je suis depuis des lustres un doux alcoolique
Parmi tant d'autres ligotés pour une cure
Qui confessent leur ébriété sans retenue,
Dans des asiles où tout sonne poétique.
Enfant, je pleurais au berceau, d'après ma mère,
En réclamant les chants de mon père orphiques,
Et rigolais souvent des visions delphiques,
Apollon soûl des valses d'une bayadère.
Adolescent, j'adulais le ciel, la nature,
M’enivrais de la senteur des mystiques fleurs,
Des chants des Piérides ; j'accompagnais Homère
Dans des odyssées grouillées d'extracréature ;
Et Virgile jusque dans le palais d'Elissa
Qui méditait une immolation passionnelle ;
Et Ovide dans l’alcôve d'une sensuelle,
Limant ses jambes, peaufinant sa peau de soie.
Adulte, initié à les enchanter chacune,
Les neuf Muses illuminaient mes jours et nuits,
En me conviant aux orgies pour jouer ma lyre,
Pour encenser une divinité sublime.
Et me voilà inassouvi de tous ces vins :
Les vins extraits de ces beautés enchanteresses,
Les vins nectarifères des tendres caresses,
Les vins mystiques des longs voyages divins.
© Charles Coulibaly Nountché
Publié le 30 juillet 2014
© Recueil : Chants d'âme sur khalam
Photo : http://www.paturaud.com/galerie_baudelaire_fleurs_du_mal.htm
Commentaires
Enregistrer un commentaire